En regardant passer les trains
L'autobus de Eugenia Almeida.
Dans un petit village perdu loin de Buenos Aires, l'autobus qui habituellement dessert le village tous les soirs ne s'arrête plus ... un soir, le lendemain, trois soirs ...
Le passage à niveau reste fermé et le train ne passe plus ...
Que se passe-t-il donc ?
En fait peu importe, l'essentiel est dans les répercussions de ces évènements d'apparence anodins sur les comportements des habitants.
Ces perturbations du train-train (ah !) forcent les langues à se délier, les secrets à se dévoiler, tout doucement, peu à peu.
Dans une ambiance proche du Rapport de Brodeck même si le contexte est tout différent.
[...] - Tu as vu que cela fait deux soirs que l'autobus ne s'arrête pas ?
Les hommes s'attardent au bar, à un coin de rue où ils fument une cigarette, à la sortie de l'usine, de la coopérative. Tous disent la même chose.
- Tu as vu que cela fait deux soirs que l'autobus ne s'arrête pas ?
La chose parvient jusqu'à l'école. Les élèves du cours moyen discutent, étendus par terre sur le petit terrain de sport.
- Mon père dit que l'autobus ne s'arrêtera plus jamais.
- Il faudra bien qu'il s'arrête quand il n'aura plus d'essence.
- Mais non, idiot, c'est dans le village qu'il ne s'arrêtera plus jamais.
- Et alors ? De toute façon, nous on ne va jamais nulle part.
Dans ce village où la voie de chemin de fer sépare les nantis des autres, dans ce pays où se succèdent les régimes militaires, la lâcheté des uns fait écho à l'aveuglement des autres.
Finalement, l'Argentine n'est peut-être pas si loin du pays de Brodeck ...
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