L'autobus - Eugenia Almeida
Dans une petite ville en Argentine,
l'avocat Ponce accompagne sa jeune soeur Victoria à la station d'autobus. Or,
le véhicule passe à toute vitesse devant leur nez et ne s'arrête pas. Au café,
tout le monde s'étonne et pense que Castro, le chauffeur, est devenu fou.
Qu'importe. On attendra un jour de plus. Victoria rentre chez son frère et
Marta, son épouse. Un autre couple préfère passer la nuit à l'hôtel avant de
prendre la route le long de la voie ferrée. Car le lendemain, l'autobus passe
sans crier gare et Ponce commence à voir rouge.
Sans le dire tout haut, il pense qu'on se
moque vertement de lui, qu'autour, les gens ricanent et le montrent du doigt. Cela
lui rappelle amèrement son mariage, un sentiment de piège inextricable, une
punition au fer rouge.
Dans la petite ville, les langues
commencent à se délier. La radio parle d'une chasse à l'homme, d'une jeune
fille en fuite, d'un couple à épingler, de l'armée en faction et d'une
fusillade au petit jour... L'affaire de l'autobus qui passe sans s'arrêter ne
semble finalement plus si anodine.
Pas loin de penser qu'on frise la farce, ce
roman de l'argentine Eugenia Almeida n'a en
fin que compte que les atours car le fond du roman penche vraisemblablement
dans la comédie morbide.
Les personnages sont brossés avec vigueur
et bonhommie. Ils ont l'aspect de gens qui ne pensent pas plus loin que le bout
de leur nez, pourtant impossible de leur conter des sornettes. Ils sont
nombreux à se questionner sur l'autobus, sur le couple en fuite, sur l'armée
qui donne ses directives d'un ton sans appel. "Et si..." se disent
les uns et les autres, au bout du cinquième jour, une fois la tension passée.
Car derrière les dialogues, les potins, le
blabla et l'égo démesuré de l'avocat Ponce, se trouve bel et bien une pression
tenace, un rien énigmatique. On peut penser beaucoup de choses, ne pas les
écrire, mais les éprouver sans aucun doute !
Un premier roman subtil, entraînant et qui
embarque de sitôt...
Traduit de l'espagnol
(Argentine) par René Solis - 124 pages - Editions Métailié.
http://blogclarabel.canalblog.com/archives/2007/08/03/5738360.html
No hay comentarios:
Publicar un comentario