L´AUTOBUS ; Eugenia Almeida
"Dans une petite ville
du fin fond de l’Argentine, un homme et une très jeune femme attendent un
autobus dans un café, l’autobus passe et ne s’arrête pas. Il y a quatre jours
maintenant que l’avocat Ponce amène sa sœur pour prendre cet autobus et qu’il
ne s’arrête pas. Les jeunes gens partent à pied le long de la voie ferrée. Le
village s’interroge. Le soupçon s’installe, la réalité se dégrade subtilement.
Il s’est passé quelque
chose dans le pays que tout le monde ignore. Pendant cette attente, nous
découvrons la lente plongée dans la folie de la femme de Ponce, provoquée par
l’attitude de l’avocat qui ne lui pardonne pas les circonstances de leur
rencontre.
La confusion s’installe
dans la vie du village, ce sont les militaires qui commandent. Des livres
disparaissent de la bibliothèque. Des coups de feu éclatent à la tombée de la
nuit, des cadavres de subversifs sont retrouvés, personne ne peut reconnaître le
couple de la photo du journal. L’autobus s’arrête de nouveau alors que personne
ne l’attend plus et la pluie se met à tomber."
Argentine. Une petite ville
perdue au fin fond du pays. Une voie ferrée. Un café. La vie au quotidien
d’habitants ordinaires qui se côtoient, se jaugent, se toisent, se jugent… D’un
côté de la voie les « nantis », de l’autre les « parias ». Ni
le train, ni l’autobus ne s’arrêtent plus dans la bourgade depuis quatre jours.
L’avocat Ponce, chaque matin, accompagne en vain sa sœur pour qu’elle prenne
cet autobus. Il croit en la toute-puissance de son statut. En vain, aussi. Un
couple intrus, venu là d’on ne sait où, venu là on ne sait pourquoi, attend,
lui aussi de pouvoir quitter le village. En vain, aussi. De guerre lasse,
l’homme et la femme décident de partir à pied en longeant la voie ferrée.
Unité de lieu ; unité
de temps. Dans un monde clos, dans un silence de plomb. Que se
passe-t-il ? Pourquoi l’autobus ne s’arrête-t-il plus ? Pourquoi l’orage
n’éclate-t-il pas alors qu’il gronde ? Pourquoi entend-on des coups de feu
dans le lointain ?
Eugenia Almeida laisse
extravaguer les émotions du lecteur. Même si elle a posé le cadre, elle ne
donne pas toutes les clés. Tout est possible, mais elle le tait jusqu’à
l’évidence. C’est ce qui donne force et densité à ce court roman. Alors que le
malaise leste l’atmosphère, elle parvient à offrir une écriture souple et
rapide qui ne laisse pas place à la fadeur et à la monotonie.
J’avais lu ce roman avant
de me rendre au festival America 2012, à Vincennes. Je l’avais apprécié.
J’attendais donc avec impatience de rencontrer cette auteure. J’ai été
enthousiasmée. Cette dame sait dire les choses, simplement, passionnément, sans
fioriture. Elle sait les dire, elle sait les écrire aussi.
C Martine
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