L’échange, de Eugenia Almeida,
trad. De l’espagnol (Argentine) par Françoise Gaudry,
éd. Métailié
Nous voilà, nous, lecteurs, plongés dès la première scène dans une situation dont nous avons du mal à démêler la teneur. Dans une ville argentine, une jeune-femme est visiblement sortie d’un bar en menaçant de son revolver un homme, puis elle a retourné l’arme contre elle et s’est suicidée. Nous comprenons que Guyot, à travers qui nous suivons l’affaire, est journaliste, qu’il va rendre compte (ou pas) de tout cela dans ses articles, nous devinons au fil des pages et des scènes en gros plans (toujours), que la police, les journaux, les différents acteurs de l’histoire sont à la fois soutenus et menacés par une organistation « secrète », et que la délation est une institution. Nous redoutons jusqu’au bout ce qui va arriver.
La force de ce livre est de ne jamais nous permettre de nous repérer et de nous faire éprouver, de l’intérieur, cette menace permanente mais non identifiable qui pèse, incarcère, se ramifie de façon irrationnelle. Une construction parfaitement contrôlée, des dialogues omni-présents et très réalistes, ce livre en dit beaucoup sur l’empreinte que laisse une dictature.
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