sábado, 1 de febrero de 2014

Unwalkers: comentario sobre la versión francesa de "El colectivo"

L´autobus

Métailié suites par Fortino






Quand tu es bluffé par un roman de moins de cent trente pages, ayant pour décor un village de la pampa argentine pendant le règne de Perón, tu te dis celle qui l’a écrit n’est pas une manchote.

Tous les ingrédients d’une existence morne sont présents dans ce bled paumé et poussiéreux : un hôtel quasi vide au tenancier taciturne, un homme circulant à bicyclette et colportant des nouvelles plus ou moins fondées, un garde barrière dont tout le monde ignore la sobriété pour ne retenir que son alcoolisme passé, une poignée de notables engoncés dans leur cercle étriqué, une logeuse avec une réputation tout sauf immaculée, un commissaire veule et autoritaire,  le tout s’ordonnant autour de la voie ferrée et de la place où s’arrête le bus.

Et précisément, là se situent les premiers éléments perturbateurs. Alors que le bus soudain refuse de s’arrêter et poursuit son périple malgré les gesticulations de ceux qui veulent le prendre, la barrière du passage à niveau reste fermée sur ordre du sergent Garcia local. Ces deux phénomènes deviennent des sujets d’interrogation et de conversation, voire de distraction, à mesure que leur persistance perturbe la vie et les projets de quelques habitants. C’est toute une vie provinciale qui se décompose lorsque ses liens avec le monde rompent. Ainsi, Ponce, l’avocat fier comme Artaban, venu s’enterrer là pour punir sa femme de lui avoir mis le grappin dessus, perd de sa superbe lorsque sa sœur ne parvient pas à rentrer chez-elle. Comment sa prestance et son prestige ne peuvent-ils suffire à mettre fin au désordre ?

Eugenia Almeida enquille une série de scènes de vie, à la manière d’un film, pour évoquer en filigrane une réalité que son pays n’a que trop bien subie au cours de son histoire récente : celle de la lutte contre ceux que les pouvoirs autoritaires ont désignés comme subversifs, non pas au cœur du monde urbain, mais à des kilomètres de celui-ci, dans un trou qui se rêve à l’abri de toutes ces turpitudes.

A défaut de promouvoir les transports en commun à la veille de la xième conférence sur le climat qui se tient au Qatar, l’auteur nous offre un périple roboratif au pays du maté et de la poussière, grâce à un roman de première classe, auquel le personnage principal -essentiel dans toutes ces contrées d’Amérique du Sud, qui ne fait que passer, donne son titre : l’Autobus !

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