sábado, 20 de julio de 2013

Benzine magazine: comentario sobre la versión francesa de "El colectivo"

L’autobus, de Eugenia Almeida





On distingue parfois les grands romans dans leur capacité à parler de sujets universels avec concision, profondeur et efficacité. « L’autobus » ne possède que 125 pages, mais il vous reste pourtant longtemps en tête après l’avoir refermé, tant il réussit la gageure de dénoncer ce qui fait notre société : le pouvoir et ses dangers.

Ce roman bref et intense met en scène un village de l’Argentine rurale coupé par une voie ferrée qui sépare gens fortunés et petites gens. Ici, tout le monde se connaît, mais les rumeurs vont aussi bon train…alors, quand un beau jour, l’autobus qui dessert le village ne s’arrête plus, les habitants s’inquiètent…des visiteurs ne peuvent plus repartir, ils décident de s’enfuir à pied. Plus tard, les radios parlent de fugitifs près de chez eux, l’armée semble s’être déployée partout, la voie ferrée est coupée, la police locale reste muette, attend des ordres, obéit, ne discute plus et se tait, résignée…

Le style est sec et nerveux, les dialogues presque omniprésents, même si les silences lourds de sens sont de rigueur. A l’image du temps lourd et orageux qui pèse sur ce village écrasé de chaleur, l’intrigue devient également de plus en plus pesante au fil des pages, mais aussi de plus en plus évidente. De manière métaphorique, Eugenia Almeida dénonce le pouvoir, l’autorité et ses conséquences les plus perverses : faisant bien entendu référence au régime dictatorial qui sévit en Argentine et dans de nombreux pays latino-américains, elle parvient à rendre son roman angoissant et fébrile. A son terme, il s’agit presque d’un huis clos à plusieurs personnages, tant le livre semble inexorablement se refermer sur les habitants isolés de tout, toujours dans l’attente, dans les suppositions, dans les rumeurs les plus folles qui mènent à la folie et à l’oppression.

C’est simple et brillant. A découvrir de toute urgence.

Jean-Francois Lahorgue



L’autobus, de Eugenia Almeida
Traduit de l’espagnol par René Solis
Editions Métailié, 125 p. – 15 €
date de publication : 12/4/2007

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