sábado, 13 de julio de 2013

Biblioblog: comentario sobre la versión francesa de "El colectivo"



L'autobus - Eugenia Almeida

Par Dédale 

Une petite ville du fin fond de l'Argentine – mais cela pourrait se passer partout ailleurs – un voyageur de commerce et sa bonne amie attendent un autobus pour pouvoir rentrer chez eux. Mais plusieurs jours de suite, l'autobus ne s'arrête pas. Tout le village s'interroge, les réactions diffèrent.
Si le couple décide de partir à pied en suivant la voie ferrée, Maître Ponce fulmine. Sa sœur Victoria venue en visite, ne peut rentrer chez elle. Il prend cette situation pour une attaque personnelle. Trop imbu de son statut d'avocat, il se considère rabaissé. De toute façon, le village n'a jamais admis qu'il s'installe dans une maison de l'autre côté de la voie. Il ne veut pas admettre qu'il est comme tous les autres, pris dans cette tourmente.

Ce village est coupé en deux par la voie ferrée, symbole parfait de la scission de la population. Un côté bourgeois, refermé sur lui-même, qui n'aime pas les changements et qui a des avis très arrêtés sur tout le monde et sur tout. De l'autre, les parias, les paysans, les pauvres, enfin… les autres.

Entre l'autobus qui ne s’arrête plus, les barrières de la voie ferrée maintenues baissées sur ordre des autorités, les ordres et contre-ordres pour le commissaire local, il s'est passé quelque chose de grave dans le pays que tout le monde ici ignore.

Seuls Ruben, le cafetier hôtelier et Gomez, le livreur à vélo semblent plus lucides sur la situation. Ils sont inquiets pour l'avenir. Victoria en sait aussi beaucoup, elle,qui est de la grande ville.

Eugenia Almeida nous plonge dans un huit clos parfait. Ce village est un échantillon de l'Argentine sous le gouvernement Perón au moment de l'arrivée des militaires au pouvoir. L'orage gronde sans jamais éclater. Des livres disparaissent de la bibliothèque, les militaires font mouvements autour de la petite ville, la police lance des recherches de terroristes. C'est l'installation de la dictature.

La radio, seule source d'informations extérieures ne dit rien d'essentiel sauf « la nouvelle de quatre buts qui ont tout changé » (référence à la coupe du monde de football).

Effrayante histoire où les décisions des autorités, actions de l'armée sont éludés. La tension monte peu à peu justement en raison de la chape de silence. Étrange paradoxe pour ce village où tout se sait rapidement, aucun secret ne peut être gardé. Partout l'armée étend implacablement sa noire main sur les êtres et les esprits. Soyez rassurés, braves gens, les autorités veillent sur votre sécurité.
Vous devriez savoir que, dans le cadre de ce travail, on ne pose pas de questions. Pas de paperasse, vous brûlez ce que vous avez déjà rédigé, vous ne posez pas de questions et vous oubliez. C'est clair ?
Effrayant aussi de voir comment une certaine partie de la population adhère rapidement ou reste indifférente aux actions des autorités contre les « subversifs » toujours extrêmement dangereux.
Alors, oubliez. L'information, c'est nous qui la centralisons. Tout est réglé. Quand le chien est mort, la rage est finie.
Belle surprise que ce roman d'Eugenia Almeida mené de main de maître. Pas un mot de trop, le ton juste, rien de dramatique, jouant de la concision, des ellipses et des questions laissées sans réponses, l'auteur mène ses personnages et ses lecteurs par le bout du nez.
A lire et réfléchir ensuite à l'aune de notre monde actuel.

Dédale

Extrait :
Et jusqu'à quand devrai-je laisser la barrière baissée ? Et ce wagon qui bouche la voie. Et jusqu'à quand l’autobus va-t-il passer sans s'arrêter ? Bien sûr, pas de paperasse. Oublier. Mais ici, ils ne vont pas oublier comme cela. Cinq soirs que l'autobus passe à fond de train. Tant qu'ils ne sauront pas sur la vie et l’œuvre du voyageur de commerce et de sa petite ami, ils n'arrêteront pas. Ces types de la ville ne comprennent rien. L'armée. Quel rapport entre l'armée et le voyageur de commerce ? L'armée, elle ferait mieux de s'occuper de l'histoire de la barrière. De déblayer le chemin le plus tôt possible. On dirait qu'ils font cela pour le plaisir de faire chier. Comme si la gamine allait venir ici. Si elle est en fuite, elle ne va pas aller se fourrer dans un petit village. Moi j'irais en ville, dans la foule, là où personne ne connaît personne. Dix-huit ans. Est-ce qu'elle sait qu'elle est recherchée ? Si ça se trouve, même pas. Et alors elle peut débarquer. Et moi il faudrait que je l'attrape avant de les appeler. Où au fait ? Ils ne m'ont même pas dit…


Publicado en Biblioblog
15 de octubre de 2012
http://www.biblioblog.fr/post/2012/10/15/L-autobus-Eugenia-Almeida

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